Selon leur condition, les aviateurs ont connu des sorts divers dans la philatélie française. Priorité a été donnée aux pionniers et aux aviatrices aussi hardies qu’eux, aux grandes figures aéronautiques de leur temps. Ainsi, ceux qui ont ouvert des voies pacifiques pour relier hommes et continents, faciliter les échanges commerciaux et transporter, avant des passagers, les masses de courrier et de biens de toutes sortes, ont bénéficié de ses attentions.

De même, les machines volantes, les aéronefs novateurs ou acteurs de progrès facilitant les échanges entre nations, ont eu droit à ses égards à l’occasion de performances ou d’exploits qui ont fait date. Pour le collectionneur ou le client de la Poste, il s’est agi le plus souvent de timbres de grand format, à valeur faciale majorée, signés par des artistes en renom.

Dans le domaine des avions de guerre et par conséquent de leurs pilotes, fussent-ils brillants, Dame Philatélie s’est montrée beaucoup plus réservée. Tout au moins a-t-elle enveloppé de son regard de pitié les victimes et les ruines des villes martyrisées par les bombardements aériens ou les combats libérateurs.

Dédiées à des aviateurs militaires français et alliés, deux séries de 10 timbres en couleurs chacune ont été éditées en mars 1918 par l’association des Dames Françaises, sous l’égide de la Croix-Rouge. Il fallait secourir des centaines de milliers de combattants blessés et malades, les "Gueules Cassées". Ce ne sont pas des timbres postaux au sens classique, mais des timbres de bienfaisance. Aucun ne porte de valeur faciale et tous sont estampillés dans un angle de la Croix-Rouge.

Les aviateurs figurés sont : Gabriele d’Annunzio, Albert Ball, Francesco Baracca, W. Bishop, Maurice Boyau, Willy Coppens, René Dorme, René Fonck, Georges Guynemer, Alfred Heurtaux, Lucien Jailler, Raoul Lufbery, Georges Madon, André de Meulemeester, Albert Mézergues, Charles Nungesser, Armand Pinsard, Paul Tarascon et Allen Winslow,

GUYNEMER ET FONCK EN DUO

Le 14 Novembre 1976, la Société Philatélique de Picardie à Amiens édita deux planches à timbre postal sur le thème de l’Aviation militaire 1914-18, au 60e anniversaire de la participation de l’escadrille des Cigognes à la grande bataille de la Somme.

L’une, tirée en noir et blanc, est consacrée exclusivement à Fonck, représenté en photo au milieu de huit camarades en tenue. La scène est connue. Le timbre, émis en 1967 à 0,40 f sous la signature de Clément Serveau et Durrens, est dédié à Nungesser et Coli, figurés avec leur fameux " Oiseau Blanc" disparu avec eux le 8 mai 1927 à l’approche de la côte nord-américaine. Le timbre est oblitéré d’un cachet à date du 14 Novembre 1976, représentant les figures des deux seuls As des as français, Guynemer et Fonck.

L’autre planche, en couleurs, comporte les portraits de G. Guynemer et R. Fonck, encadrés de tricolore. Il en a été fait un tirage de 1.150 exemplaires numérotés. Au contraire de la précédente, ce document comporte un texte qui fait référence à l’arrivée de leur escadrille le 16 mai 1916 à Cachy (Somme) pour être engagée dans l’enfer de la Somme. Le timbre affecté représente le pionnier Henri Farman (1874-1958), gravé en 1971 par Pheulpin. La valeur faciale est de 0,50 f avec surcharge de 0,10 f. Le cachet d’oblitération est identique au précédent.

A l’occasion de l’inauguration de la rue René Fonck à Le Crotoy, le 23-23 juin 1974, fut émise une carte à l’effigie de Fonck, sur fond de macaron tricolore. Le timbre émis représente trois avions Caudron en vol et le cachet d’oblitération consacre les célèbres Frères Caudron, en tant que pionniers de l’aviation.

La Poste américaine a consacré, elle, un timbre en couleurs au "Fonck américain", Eddie Rickenbacker, au visage quasi hilare sur fond de Spad en vol de l’escadrille La Fayette. Valeur : 60 cents. Le timbre n’est pas signé et l’hommage est bien tardif puisqu’il est daté de 1995.