2003, RENAISSANCE ET RECONNAISSANCE

Par : H.B.

Place R. Fonck
Place Colonel Fonck, le colonel Bernard METZ, commandant la B.A. 133, de Nancy-Ochey, et le général H. REMY, délégué au Patrimoine de l’Air, fleurissent le monument aux Morts de la Commune.
Le samedi 13 Juin 2003, à 10h15, la foule civile et militaire est figée, muette, dans le cimetière de Saulcy-s/Meurthe. Soudain, un sourd grondement dans le ciel. Les coeurs battent. Quatre "Mirage 2000-5" descendent lentement, axés, groupés. A la minute dite, les "Cigognes" de Dijon-Longvic sont au rendez-vous de l’Histoire, à la verticale de la tombe de leur plus prestigieux as. Instant si magique, si inimaginable depuis tant d’années, que l’assistance en est comme statufiée. Les armes présentées dans le ciel, les armes présentées sur terre, ce bref passage des aéronefs fait réaliser à la toute jeune association "Mémoire de René Fonck" qu’elle n’a pas oeuvré en vain. Voilà un premier aboutissement.

En la personne du général Hervé Remy, délégué au Patrimoine de l’Air et représentant le chef d’état-major de l’armée de l’Air, des colonels Denuel et B. Metz, commandant les B.A. 102 de Dijon-Longvic et 133 de Nancy-Ochey, la hiérarchie a fait le pas en avant qui tient d’un bond d’un demi-siècle. Saulcy n’avait pas connu pareil déploiement de sa part depuis le mardi 22 Juin 1953, le lendemain des premiers honneurs rendus dans la cour des Invalides à Paris.

UN ENSEMBLE DE GENERATIONS

Autour de M. Paul Laville, sous-préfet de Saint-Dié-des-Vosges, du député Gérard Cherpion et de Mme Anne Delhoume, maire, les cinq petits-enfants de René Fonck, Anne, Aurore, Florence, Emmanuel et Edouard sont les témoins attentifs du protocole, des gestes et propos. Ainsi la lecture par une adjointe au maire de la 75e et dernière citation du 23 janvier 1919 à l’ordre de la IV° Armée. Dans le silence, chaque mot est à l’instant même si lourd de significations multiples : souffrances, sacrifices, solidarité, générosité, abnégation que l’on ne saurait mettre dans quel ordre, tant furent mêlées les destinées des Poilus des tranchées et des airs.

Tout alentour du caveau familial Fonck-Panin-Simon, sont réunis les Salixiens et de nombreux anonymes à avoir fréquenté l’écolier, l’apprenti, l’aviateur, le plus grand as qu’ait connu la Chasse française, le héros d’une nation en lutte, l’élu communal, le député, l’industriel. Les réservistes de l’ANORAA et de l’ANSORAA des Vosges et de Lorraine sont là, sous les plis de multiples drapeaux d’associations de la vallée, en premier lieu de la Légion d’Honneur, dont le défunt fut le créateur de la section d’arrondissement, ainsi que de la Légion Vosgienne des Anciens Combattants dont il fut en 1948 le président d’honneur de la section locale.

Les hommages floraux se succèdent : après les autorités civiles et militaires, Emmanuel Fonck dépose la gerbe de l’association avec le président Robert Prudent.

C’est fait : depuis 1953, l’armée active de l’Air a retrouvé la mémoire et le chemin du héros interallié, que les Anciens de l’Air, les "Vieilles Tiges", n’avaient jamais, jamais oublié. Ni d’ailleurs ses anciens adversaires, dont, de temps en temps, un était discrètement venu là, se souvenir des affrontements sans merci. Au propre,comme au figuré, l’active était restée sur la réserve.

A SA PLACE, SA VRAIE PLACE

A la sortie du cimetière, la place René-Fonck est alors à la mesure de la cérémonie officielle qui suit : les corps civils et militaires peuvent s’y déployer. Prise d’armes, remise de décorations à quatre officiers et sous-officiers ayant servi en Afghanistan, puis les autorités fleurissent l’imposant monument où s’inscrit le douloureux martyrologe des Salixiens en 1914 et 1944, deux fois exposés au joug ennemi.

D’un pas, la foule envahit la cour de l’ex-petit Séminaire diocésain. Sur le perron, Anne Delhoume s’adresse à l’assistance. Elle a ample matière à dire sa gratitude. La présence du général H. Remy n’est pas symbolique. Venu jauger et juger, il a de quoi prendre la mesure. Le maire résume : René Fonck devait être remis à sa place, sa "vraie place". C’est fait. Ce n’est pas l’homme que l’on réhabilite ou ressuscite, c’est sa mémoire. Le Conseil Régional, le Conseil Général, le Conseil Régional de l’Image, la Société Philomatique Vosgienne, le Musée de l’Air & de l’Espace du Bourget, le Souvenir Français, le Musée de l’Escadrille des "Cigognes" à Dijon et quantité de donateurs, prêteurs, mécènes lui ont prêté la main.

PAR LES ARTS ET PAR LES LETTRES

Pour célébrer l’évènement, le haut bâtiment du séminaire diocésain a été aménagé pour recevoir au rez-de-chaussée une exposition biographique montée par l’association " Mémoire de René Fonck" et à l’étage, dans la chapelle, une exposition des "Peintres de l’Air & de l’Espace", à l’initiative du plus local d’entre eux et d’ailleurs le seul des Vosges, Jean-Pierre Michel. S’y étale une suite artistique de Fonck : une huile de Jean-Pierre Alaux, un médaillon de plâtre de Pascal Jouffroy, une gouache de Guy Le Zachmeur, une aquarelle-acrylique de J.-P. Michel, une acrylique de Philippe Mitschké, une aquarelle de Michel Montigné, une aquarelle de Jean Noël, une acrylique de Jame’s Prunier, une aquarelle de Michel Tesmoingt, une terre cuite de Madelaine Tezenas du Montcel. Une somme thématique jamais présentée et dont peu d’aviateurs de la Grande Guerre auraient pu se targuer..

Le général H. Remy et les officiers supérieurs de l’Air et de Terre (Saulcy est aussi Centre d’Habillement militaire au nom de l’Intendant Général Adrian) y consacrent tout leur temps. Au rez-de-chaussée, c’est la première exposition biographique jamais réalisée sur René Fonck. Dijon y a apporté une relique jalousement gardée : la fanion bleu et jonquille de l’escadrille C 47, de Corcieux, où le jeune pilote Fonck effectua sur Caudron ses premiers raids en territoire occupé.

Par des panneaux illustrés et légendés sont cités les principaux faits de la vie militaire et civile de l’As des as, ses citations, le drame qu’il vécut en 1926 au décollage manqué de New-York, quantité de témoignages, objets familiers, publications, livres, dédicaces, manuscrits, avions et pilotes, scènes de joies et de souffrances, pour beaucoup un Fonck inconnu, sur lequel, pourtant, il reste beaucoup à dire, à comprendre. Les années suivantes vont y pourvoir.

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