Au contraire des bases aériennes de défense, dont l’entrée est très souvent ornée d’un aéronef aussi inerte qu’obsolète, les aérodromes civils n’offrent généralement pas à l’accueil du visiteur un avion monumental lié à propre histoire ou susceptible d’être une étape significative dans l’évolution de l’aviation.

Depuis son inauguration le 21 Juin 2009, le SPAD XIII dressé à l’entrée de l’aérodrome de Saint-Dié-des-Vosges-Remomeix, fait, de l’avis des responsables de l’aéroclub, figure de vedette. On vient d’un peu partout voir à quoi ressemble cet appareil mythique d’une époque, le prendre en image-souvenir, se faire photographier devant, voir l’hélice tourner en "roue libre" au moindre zéphyr et aussi rêver. Cette part de rêve est vite ramenée à la réalité à la découverte du rocher-stèle gravé à la mémoire de l’As des as interalliés et de son portrait géant découpé avec finesse par Etienne Valdenaire, un ancien pilote du club, et plaqué contre le mur du club-house.

Il est de singulières rencontres de l’Histoire. En effet, le SPAD-Monument s’est retrouvé en août environné de parachutistes civils allemands du Para-club de Fribourg-en-Brisgau, revenu en entrainement. Depuis une vingtaine d’années, hommes et femmes de cette association, qui proviennent du Pays de Bade et de Forêt-Noire viennent s’entrainer sur ce terrain, où ils n’ont pas de contraintes comparables à celles de la rive droite rhénane, couloir aérien civil et militaire fréquenté.

AMITIE ET FRATERNITE

Le ronronnement caractéristique de leur propre appareil de saut est familier aux habitants des villages environnant le terrain, qui le perdent de vue à 4.500 m. Blasés sur les figures de saut, c’est à peine s’ils relèvent la tête au claquement des voiles. Parfois, le stick embarque des sauteurs locaux. C’est ce qui s’appelle "Freundschaft und Bruderschaft". L’équipée ne s’arrête pas là : le club amène aussi son propre camion-buvette pour quelques soirées-fiestas de détente. Prosit !

Leurs tentes, caravanes et mobilhomes sont alignés dans le pré le plus proche du SPAD XIII, dont l’érection sur pylône a de suite suscité à l’arrivée leur étonnement et une question unanime : " Warum ? ". Après explications, l’appréciation est tombée toute seule : "Wunderbar !".