LE S 35 DE FONCK EN MAQUETTE

Par : H.B.

Le S 35 suspendu dans la vitrine, en gros plan, sur fond d’images de la construction de l’avion.
Le plus grand échec de Fonck fut, sans conteste, son décollage catastrophique du terrain de Roosevelt Field à New-York, le 21 septembre 1926. Adieu l’atterrissage à Paris, épié dans le monde aéronautique international. Le bristol d’invitation à l’arrivée au Bourget était déjà diffusé... Adieu, le Prix Orteig de 25.000 $ au premier qui effectuerait d’une traite New-York-Paris. La mise fut raflée par Lindbergh, l’année suivante. Le dixième de ce qu’avait coûté le S 35.

Pour l’As des as, le génial constructeur Igor Sikorsky avait construit en 6 mois un avion spécial, le S 35. La mode était au trimoteur. Les deux hommes s’admiraient, ils sympathisèrent vite et collaborèrent jusqu’au "D Day". L’unique exemplaire du S 35 finit en flammes devant 5.000 témoins, drame entrainant la mort de deux des quatre occupants, le radio et le mécanicien, auteur d’une méprise et d’une manoeuvre fatale.

Précédée d’un formidable battage publicitaire, la tentative eut un retentissement, dont on a peu idée. Quoique son honneur fût lavé par une commission américaine, Fonck garda quelque temps une image ternie, mais il fit preuve d’esprit fair-play en allant rencontrer Lindbergh et lui souhaiter "Good Luck"...

Il faut se lever de bonne heure pour voir un S 35, ne fût-ce qu’en maquette. C’est donc une prouesse qu’a accomplie Joël Gloriot, vice-président du Club radiomodéliste de Neufchâteau ( Vosges). Grâce à son savoir-faire, sans plan mais en respectant les cotes connues, il a réalisé cet oiseau rare, quasi ignoré du négoce spécialisé. Depuis le 9 septembre 2011, "son" Sikorsky 35 est exposé dans la vitrine que l’association "Mémoire de René Fonck" a montée au Centre de Documentation & de Recherches Historiques de la B.A. 133 Henry Jeandet, que dirige le Lt-colonel J.-J. Lignier à Nancy-Ochey.

La première partie de ce Conservatoire des Ailes lorraines fut inaugurée le 12 novembre 2007 par le général Jean-Louis Simon. La seconde le 9 septembre 2011 par le général Hugues Neret, commandant la Brigade aérienne de chasse et le colonel Denis Collomb, commandant la Base, premiers visiteurs à scruter attentivement ce S 35 et à complimenter Joël Gloriot et le président du club Jean-Marie Thiéblemont.

PARI REUSSI

Avec 60 membres, leur association est la plus importante des Vosges. Fondée en 1992, elle est affiliée à la Fédéréation française d’aéromodélisme. Elle a ouvert son site sur le web (neufchateau modelisme.wifeo) et se déplace à la demande en animation de manifestations diverses, dans un esprit de partage de sa passion.

"Nous y pratiquons essentiellement une activité de loisir, précise Joël Gloriot, où chacun d’entre nous construit suivant plan, achète en kit ou dessine ou conçoit les modèles de son choix. Toutes les catégories sont présentes : avion, planeur, hélicoptère, voltige, avions à réaction ou à turbine électrique. Nous avons une adhérente militaire sur la Base de Défense d’Ochey, ce qui nous a permis de découvrir le C.D.R.H. dont le secrétaire général Albert Ladame nous a détaillé les deux vitrines Fonck. Je connaissais René Fonck par les livres sur l’histoire de l’aviation et de même le S 35, avec seulement 2 ou 3 photos.

" Notre guide nous a évoqué le souhait d’une maquette du fameux S 35 et j’ai de suite accepté l’idée de sa réalisation. C’est la première fois que je réalise une maquette historique. Chacune est différente, de par sa propre histoire. C’est donc une nouvelle expérience à chaque fois, c’est là tout l’intérêt. J’en suis à présent très heureux".

C’est en quelque sorte de manière aveugle que M. Gloriot est allé à l’aventure. Plus de 200 heures lui ont été nécessaires pour monter une maquette de 76 cm d’envergure, certes inerte, mais la plus minutieuse et conforme possible, faute de trouver une documentation fiable en France.

Difficulté majeure : les teintes exactes d’origine, dont on a seulement une idée. On s’est donc efforcé de les reconstituer. On connait de très rares photos en couleur du S 35, le noir et blanc dominant très largement dans les images fixes ou animées. Et elles furent forcément exclusivement américaines au départ tandis que les chasseurs d’images ne manquaient pas à l’arrivée...
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Galerie photo...

Le général Neret, de près, face à la vitrine du crash de 1926 et tout contre lui notre maquettiste,au premier plan, dans l’angle gauche de la photo.

Détail de la maquette. On remarque la cigogne peinte sur le fuselage...

Détail de la maquette.

Détail de la maquette.

Joël Gloriot, concepteur de la maquette.