FONCK ET RICHTHOFEN CHEZ GUYNEMER

Par : H.B.

Morane-Saulnier Type L

Depuis son origine, l’association "Mémoire de René Fonck" est agréée par le comité franco-belge du Souvenir de Guynemer et conviée à s’associer aux commémorations annuelles du sacrifice de l’As des as de 1917.

Le 14 septembre 2012, sa présidente, Mme Raymonde DUMENIL a donc remis le cap sur les Flandres, d’abord à Ipers (Ypres), accompagnée de Jean-Pierre BRETZNER, membre du comité, et fut accueillie par Piet STEEN, l’infatigable secrétaire belge qui oeuvrait depuis un an à la préparation - millimétrée et quasi diplomatique - du protocole de réception des Autorités civiles et militaires belges, françaises et - innovation de 2012 - allemandes. Pas n’importe lesquelles, car il s’agissait de recevoir une délégation de l’escadrille "Von RICHTHOFEN", toute première présence de la Luftwaffe à ce rendez-vous de longue tradition.

Fidèle au rendez-vous, le colonel Jean-Yves TABOURIN, président du comité du Souvenir de GUYNEMER, reçut les deux représentants salixiens à la Porte de Menin, imposante bâtisse mémoriale des farouches combats de la Grande Guerre, "tapissée" de plaques aux noms de dizaines de milliers de soldats britanniques. Une gerbe de fleurs fut déposée par les représentants de l’association "FONCK".

UN MORANE-SAUNIER "PARASOL" A L’IDENTIQUE

Le lendemain, le décor de Poelkapelle s’était transformé en vue d’une commémoration imposante. Un F16 de l’Armée belge avait été rangé dans une rue menant à la place centrale. De plus, avait été amené à proximité, en éléments religieusement transportés, un Morane-Saulnier, dit "Parasol" de type L, construit à l’échelle 1 par le Lycée technique de Ipers. Un tour de force, car l’appareil, copie parfaite du cheval de bataille de Guynemer, était scrupuleusement fabriqué et équipe du moteur original Gnome & Rhône en étoile, en état de marche ! Par précaution, des cartons avaient été disposés sur la chaussée pour la protéger de souillures d’huile. Une merveille de fidélité !
Le déballage précautionneux du MS 376, son train et la fixation de l’empennage aux couleurs tricolores eurent un public admiratif, qui prit aussi son temps à examiner de bien jolis modèles réduits disposés à l’alentour : biplan SPAD S.VII à la fameuse cigogne de Guynemer ou Morane-Saulnier, dont on n’attendait plus que le ronronnement...

L’instant inattendu fut la prise de contact entre les représentants de l’association "Fonck" et les officiers du Jagdgeschwader "Von Richthofen" et leurs accompagnateurs, que le colonel TABOURIN présenta à Mme R. DUMENIL. Celle-ci y retrouva des connaissances en la personne des généraux Hugues NERET, commandant la brigade aérienne de l’aviation de chasse du Commandement des Forces aériennes à Dijon, PERON, RUBINOT, le colonel GEOFFROY, président national de l’ANSORAA.

AU NOM DE L’AS EDMOND THIEFFRY

A 15 h, la place centrale était très garnie sous un ciel dégagé : les autorités civiles provinciales et communales étaient entourées de nombreux porte-drapeaux binationaux, de gradés de l’Air de trois nations, un détachement d’aviateurs en armes, une formation musicale, un choeur d’écoliers de Poelkapelle, les anciens combattants, membres d’associations du souvenir et de nombreux habitants. Pour la première fois, l’association "Fonck" fut officiellement présentée comme participante. Pour mémoire, l’As des as interalliés fut témoin de l’inauguration du monument Guynemer et y revint aux commémorations suivantes.

C’est alors que d’une voix fort émue une jeune fille s’adressa à l’assistance : "Mon grand-père, le pilote et as de chasse belge André de MEULEMEEESTER, était avec Willy COPPENS d’HOUTHULST, Fernand JACQUET, Edmond THIEFFRY et Jan OLIESLAGERS, co-fondateur du monument de GUYNEMER. Edmond THIEFFRY a eu le privilège, au cours de l’inauguration, le 8 juillet 1923, de tenir un discours.

" A mon tour, j’en apporte quelques beaux passages : "En feuilletant un petit agenda de poche, dernier vestige matériel de cette époque, qui tient dans mes souvenirs une place honorée, je lisais sous la date du 28 juillet 1917 ces simples mots : dîner au groupe BROCARD avec GUYNEMER, DEULLIN, HEURTEAU, etc...Et en me recueillant, je reconstituais après six ans, un à un, tous les détails de cette prise de contact qui révéla à mes yeux émus le groupe des Cigognes, la fleur des preux chevaliers, les As de France.

" C’était, vous en souvenez-vous, chers Amis, sur le terrain de Coudekerke. Dans l’émotion qui m’étreignait à la pensée que j’allais rencontrer ceux dont les prouesses étonnaient le monde, j’avais à l’atterrissage accroché l’aile de l’avion du capitaine RAYMOND. J’avais rejoint le commandant BROCARD, sous une tente à moitié déployée et au cours des présentations scellées de vigoureuses poignées de mains, BROCARD avait nommé FONCK , un jeune adjudant qui promettait.

" Puis ce fut le dîner à la popote. Il était interdit de parler aviation pendant les repas, mais GUYNEMER, dont l’âme ardente était dévorée par le rêve qu’il réalisait, détournait à chaque instant les conversations pour les ramener sur le terrain de la chasse aérienne que son imagination ne quittait jamais. Et de toutes parts fusaient les cris " A l’amende, le gosse ! A l’amende !". A peine le dîner terminé, le "gosse" me prit par le bras, disant "Venez donc voir mon nouvel avion-canon". Et là, au milieu d’engins mécaniques destinés à cracher la mort, le "gosse" échappé du collège pour défendre sa Patrie en danger, le "gosse" vivait, le "gosse" exultait, toute son âme chantait la tension de toutes ses forces vers l’accomplissement du suprême devoir, vers l’envolée pour le combat.

" Le "gosse" semblait invincible. Pourtant un jour, le 11 septembre 1917, un bruit sinistre circula le long du front : "GUYNEMER disparu !". Une fois les armes déposées, il nous était loisible de pleurer. Nous eussions voulu retrouver la glorieuse dépouille du brave Enfant de France tombé en notre terre belge. Mais la méchante mort n’a rien laissé du brave soldat qui l’avait trop narguée. Voilà pourquoi, en ce coin de Flandre, s’élève ce style couronné d’une cigogne, symbole de l’escadrille de Guynemer".


SOUS LES ROSES

Selon la tradition, la dernière citation de GUYNEMER fut lue par un sous-officier de l’escadrille "Guynemer" à Luxeuil. Quantité de gerbes et couronnes de fleurs furent amenées au pied de la stèle, dont celle de l’association "Mémoire de René FONCK" , déposée par sa présidente. Firent de même un petit-neveu et un arrière-petit-neveu de GUYNEMER. Après l’interprétation des hymnes belge et français par les écoliers, le cérémonial s’acheva par le survol de la place par deux Mirage 2000-5 de la B.A. de Luxeuil, suivis par un hélicoptère de l’Air belge qui "ventila" des milliers de pétales de roses...

La note finale fut aussi une "première" dans le déroulement : on se rendit au cimetière allemand, à quelques km de Poelkapelle, pour le fleurissement du lieu et le recueillement dûs aux anciens adversaires.

Quelques liens sur la cérémonie :

Sur le site de l’Armée de l’Air Française

De nombreuses photos :

Sur Google : Galerie de Horré Chris

Sur Nieuwsblad.be

Sur WestHoek.be

Le Blog de Kurt Vandewalle

Photos de Yvonne Heslinga

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