DES "4 A" DE LORRAINE AU "PRINCE DES NUEES"

Par : H.B.

C’était un but arrêté depuis longtemps, il ne restait plus qu’à franchir le pas. L’amicale des Anciens de l’Armée de l’Air de Meurthe & Moselle a consacré sa journée du jeudi 22 septembre 2011 à découvrir les "lieux Fonck", ceux de la terre qui vit naître René Fonck en 1894 et se refermer sur l’As des as en 1953. Puis découvrir le cadre naturel de son enfance et de son adolescence dans un décor de sapins à perte de vue, les eaux de la Meurthe où il gambadait à la recherche de quelque jeune poisson, les prés pentus d’où il observa le tournoiement des buses prêtes à fondre sur les poulaillers de Saulcy-s/Meurthe, deux fois bouleversé par l’invasion meurtrière.

Sur la place "Colonel Fonck", à la naissance de laquelle il contribua de sa personne pour honorer la mémoire de ses camarades du village tombés pendant la Grande Guerre, la délégation des " 4 A " conduite par le président Michel Graff fut accueillie par la présidente de l’association "Mémoire de René Fonck", Mme Raymonde Duménil, et des membres du comité. A vrai dire de vieilles connaissances, puisque les deux associations furent en 2005 co-fondatrices du Conservatoire des Ailes lorraines sur la B.A. 133 de Nancy-Ochey et continuent d’y coopérer pour le rayonnement de son Centre de Documentation & de Recherches Historiques. La vitrine n°1 Fonck y représente une grande affiche tirée du fameux tableau de Reutlinger avec ce libellé : "Prince des Nuées"

LE DESTIN D’UNE FAMILLE

On prit ensemble le chemin du cimetière, en passant devant l’ancienne église en bois de l’époque de la Reconstruction, où eut lieu en juin 1953 la cérémonie d’obsèques de René Fonck, ramené de Paris.

Le drapeau s’inclina pendant que le président Graff fleurit la stèle, comme tant d’autres aviateurs de tous grades avant lui. La démarche faite, les visiteurs s’informèrent attentivement de l’histoire de cette tombe, dans laquelle reposent aussi Yvonne Panin, soeur de l’aviateur, et leur mère Marie-Julie Simon (1858-1941). Quant à Victor Fonck, le père, écrasé en 1898 par un chariot de planches près de la scierie de Ban s/Mthe, il fut enterré au cimetière de Clefcy, vers le 10 juin. René n’avait alors que 4 ans, ce qui explique qu’il ne parle pratiquement pas de son père. Aucun signe ne permet de situer l’emplacement de ses restes, vraisemblablement placés dans la fosse des indigents (1).

Sans aucune allocation de secours et chargée de 3 jeunes enfants, dont le dernier Yvonne, avait quelques jours, Julie Fonck était en grande détresse, morale et économique. Aussi, dut-elle se replier sur sa famille de Saulcy. René fit élever un sobre monument de marbre à ses beaux-parents, que l’on découvre en face de son tombeau, avec l’épitaphe suivante :"A la mémoire de Julien Simon (1830-1910) et de son épouse Julienne Thomas (1841-1929). Leur petit-fils reconnaissant René Fonck".

René parla volontiers de sa mère, à laquelle il voua constamment un culte filial d’exception. Ainsi, en 1919, il fit réaliser par le sculpteur en grand renom François Cogné (2) un profil de sa mère en médaillon.

Après le déjeuner, le périple de visiteurs se poursuivit à Remomeix, pour contempler le SPAD XIII, juché sur son pylône depuis juin 2009, lors du baptême de l’aérodrome au nom de René Fonck. Il s’acheva au musée Pierre-Noël à Saint-Dié-des-Vosges pour étudier les deux vitrines consacrées au héros du jour. Bien des questions, pas toutes avec réponse !



(1) Rubrique 1. Association - "Chaque Onze Novembre"
(2) Fr. Cogné (1876-1952) sculpta en 1919 Fonck, Guynemer, Clémenceau, puis Pétain, Lyautey, la borne de la Voie de la Liberté, Alphonse XIII, Mussolini, G. Mandel et un grand nombre de célébrités.
-

Galerie photo...